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Actualité des maux croisés, pérégrinations ad libitum d'un psychiatre des sympathies, des perplexités paradoxales & des hégémonies culturelles...

Croiser l'actualité, les maux qui la parlent et les mots qui la hantent...

Suivi de la "trace", entre chien et loup-garou, du spectre du "nazisme"... Carlo Ginzburg, Jacques Derrida, Tex Avery...

Publié le 6 Octobre 2013 par Serge Aron

Fiche des RG d'Hitler de 1924: Adolphe Jacob Hitler?...

Fiche des RG d'Hitler de 1924: Adolphe Jacob Hitler?...

"Traçabilité", du steak de cheval aux interventions médico-sociales, "traçabilité", du livre de comptes au téléphone portable, "traçabilité", de la dette, de la spéculation sur les subprimes, des marchés financiers...

Quelle trace suit-on?

De quoi de qui assure-t-on le suivi?

Que chasse-t-on?

Que traque-t-on?

Dans "mythes, emblèmes, traces" Carlo Ginzburg décrit l'émergence au 19ème siècle d'un paradigme, le "paradigme indiciaire", celui de la trace ou de l'indice qui révèle la signature d'un auteur.

Du côté des marchands d'art, un certain Morelli recherche le détail infime d'une toile, détail auquel le faussaire ne prête pas attention et qui permettra à l'expert de le confondre...

L'œuvre de Morelli circule et c'est Conan Doyle, médecin, amateur d’art, et romancier, auteur du personnage de Sherlock Holmes, qui applique ce dispositif à la criminologie, l'art de confondre les meurtriers...

Freud, autre médecin, à son tour s'en empare et c'est l' "acte manqué" que traque le psychanalyste... L’acte manqué qui signale l’auteur inconscient, le sujet réel dont le sujet officiel ne veut rien savoir… La "hantise" du sujet ?...

Succès pluridisciplinaire d'une logique, (histoire de l’art, police, médecine, psychanalyse), celle de la trace qui échappe à son auteur et en constitue de facto la signature...

Tous "archéologues", traquant la trace inaperçue d’un ancien, d’un archaïque, sémiologue de l’authenticité perdue, de l’autorité à restaurer, de la responsabilité à rétablir, d’un "arque" premier dans le discours...

Derrida aussi s'intéresse à la trace...

Pour lui la trace est première, et l'auteur second... Comme Lacan, il inverse la formule classique et place un Autre, un signifiant, à l’origine de l’Auteur… La "trace écrite", la "lettre", le langage, la "grammatologie" précède l'être... Elle en constitue l'archive et à partir d'elle le récit d'un itinéraire peut se construire... Sans trace pas d'auteur, sans traçabilité pas d'appellation contrôlée...

L’Autorité procède de l’Altérité (d’une trace)!

L’Auteur est un Aliéné !

Leur étymon est probablement commun, on le retrouve aussi dans "hétéro"… l'autorité n'est jamais individuelle, quand bien même elle nécessite un individu qui l'incarne... un individu héritier, en "indivision", d'une trace...

La trace témoigne d'une autre époque, elle invite à penser l'histoire, elle inscrit le temps et altère l'immédiat, elle met en relation avec un au-delà, l'au-delà du présent … elle médiatise l'absence...

La trace inscrit le temps, et un certain rapport au temps définit l'être... (L’héritage heideggérien fait trace, lui aussi)

La trace hante le contemporain, non seulement la trace ancienne mais aussi la trace future, celle que je pourrai laisser à la postérité, qui, peut-être, verra en moi un auteur, la trace d’un autre qui m’autorise, d’un aut(r)eur ?...

L’auteur est possédé par l’autre, il lui prête sa voix, il l’incarne…

L’auteur est hanté ! L’hantologie derridienne conceptualise la hantise du sujet, le sujet redoute la trace de cet autre qui le hante et le pousse à l’autorité

Aujourd'hui les traces pullulent, chaque téléphone portable stocke des données, des photos, des SMS, on en transfère dans le cloud, on les publie sur Facebook, on écrit des blogs ... et rien ne s'effacerait... Cela fait-il pulluler les auteurs ? "Tout le monde sait comment on fait des bébés mais personne sait comment on fait des papas !", chante Stomae (cf. article blog: « Du "Paternalisme" au "Partenariat", au-delà, si possible, des illusions de la modernité tardive… Emmanuel Todd, Raphaël Liogier, Stromae... ») …

Google est un trieur de traces...

Par lui je peux être contaminé, par lui l’Autre de la trace peut venir me toucher…

Et à mon tour j’en contamine d’autres… comme le vampire… immortel en tant qu’il est porteur d’une altérité, d’une autorité archaïque, qui se transmet sans fin...

Avec Google je pars en chasse... de quoi? Je ne sais même pas ce que je suis, je suis ce que je cherche, et, comme Narcisse, comme le pèlerin sur son chemin, je pourrai me perdre en me cherchant, mourir d’être en devenir, crever de me suivre à la trace... Heureusement le pèlerin n’est pas seul, des "hospices" lui accordent l’ "hospitalité", les rencontres qui jalonnent son parcours et le réel du corps qui fatigue font "altérité" et concourent à le sortir de la séduction par son double, ce simulacre dont parle Baudrillard…

Tous les chemins ne mènent pas à soi, pas plus qu’ils ne mènent à Rome, ou à Saint Jacques De Compostelle et parfois, en s’égarant, en acceptant de se perdre, de lâcher sa trace, on peut se rencontrer

La trace serait donc aussi à lâcher… comme la fameuse "prise"…

Piers Faccini: Between Dogs and Wolves

Entre chien et loup?

Entre chien et loup?

Le vocabulaire de la chasse est ici particulièrement sollicité, la proie échappe, le gibier est des plus difficile à suivre… comme le loup !?... (cf. article de Philosophie Magazine : "sur la piste du loup", voir ci-dessus)

Comment suit-on un loup ?

Comment approcher l’étrangeté du loup ?

De quel loup s’agit-il ? De l’homme en tant qu’il est un loup pour l’homme ? Du loup en tant qu’il représente l’animalité humaine ? Du loup en tant qu’il est à la nuit du savoir ce que le chien est à l’évidence diurne ? Entre chien et loup … entre lumières de la science et "inscience" des rêves nocturnes?

"Hanter" renvoie par son étymon à "home", "heim", le chez-soi familier, le "familial" … Il s’agirait d’une présence étrangère chez soi, d’un fantôme, d’une trace étrange… comme si un loup était venu chez soi … qu’il faudrait chasser, "hunt" en anglais, comme "hund" en allemand, le chien … ou le loup ?

Étrange proximité du familier et de l’étrange, de l’hospitalité et de l’hostilité, du chien et du loup…

Le "paradigme indiciaire" de Ginzburg renvoie effectivement à l’idée un brin paranoïaque de confondre le faussaire, le criminel, l’étranger (fut-il en soi)… Il y a de l’hostilité dans l’air… La trace renvoie plus à un prédateur menaçant qu’à une proie facile…

Dans "mythes, emblèmes, traces" Ginzburg s’intéresse aussi aux "sorcières", aux "loups-garous" et à la "mythologie germanique et/ou nazie" !?!… Lui aussi est sur les traces des "vampires" (ceux que l’on tue par le supplice d’un pal, d’un "pôle" qui permet de s’orienter entre chien et loup, cf. article blog : « L’Égalitarisme à l'heure des Inégalités? La perte du Nord comme Pôle? L'Inscient !... Saint-Augustin, Jérôme Ferrarri, Arnaud Desplechin... »)… ou des sorcières que l’on condamne pour "hérésie", parce qu’elles menacent l’ordre chrétien, l' "orientation" chrétienne, comme le magnétiseur ou autre charlatan dit sectaire menacerait l’ordre médical, comme le chaman menacerait l’ordre colonial... comme l' "hystérique" menacerait l'ordre phallique

Adolf the noble Wolf,...

Reste le "nazi"… et la mythologie du loup reprise par Adolf (étymologiquement : adal (= noble) et wulf (= loup)) Hitler.

Le père d’Hitler, Aloïs, est lui-même né de père inconnu. Sa mère, Maria Anna Schicklgruber, aurait été employée de maison dans une famille juive… Aloïs porta le nom de sa mère, Schicklgruber, jusqu'en 1877, date à laquelle, à l'âge de 40 ans, il prit celui de Hiedler, du nom du beau-père qui épousa sa mère sans le reconnaître, Johann Georg Hiedler, mort en 1857. Comme on le dit des chiens, Aloïs était un "bâtard" (peut-être même "bâtard juif" ?!? Il existerait des archives des RG mentionnant un Adolf Jacob Hitler ? cf. image ci-dessous). En 1889 nait un fils prénommé Adolf, invité ainsi par ses géniteurs à chercher la sortie du statut de bâtard par le haut d’une "race pure" de chiens : le "noble loup" de la mythologie germanique … Il sera un "grand méchant loup", comme dans le dessin animé de Tex Avery : Blitz Wolf !!!?

Quelle était la hantise d’Hitler ?

Être juif ? Ne pas être juif ? Être le fils d’un enfant illégitime, sur lequel l’auteur de ses jours n’a pas posé sa signature ? Être sans trace ?

L’histoire d’Hitler, elle, a laissé des traces, énormes !!!

Elle hante à son tour l’époque contemporaine au point que Godwin en fit une loi, la loi dite de Godwin, relative aux discussions en réseau sur Usenet d'abord, puis sur Internet : "plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1".

Hitler et le nazisme hantent depuis 70 ans la modernité tardive, et il n'est de débat, pour peu qu'il soit tendu, qui n’amène à distinguer les "collabos" des "résistants", les "réacs" des "progressistes", les "fachos" des "indignés", les "frontistes" des "républicains" ... voire les "psychotiques" des "névrosés" (cf. Thèse de Médecine, 1996: Approche Psychiatrique et Psychanalytique de la Fonction du Diagnostic, consultable dans l’article blog « Lutte dans les "classes" et fonction du "diagnostic"... Foucault, Mehra, Audiard... ») ...

Que faire de cette hantise?

Faut-il continuer de diaboliser Hitler, le national-socialisme, les collabos, les Pétainistes, l'O.A.S., etc...

Combien de générations de descendants de sympathisants nazis ou de fidèles à Pétain seront encore damnées?

Quand s'arrêtera la traque?

Combien de victimes faut-il encore sacrifier pour laver la souillure nazie?

Combien de victimes violées ou bafouées, offertes à combien de dits "pervers narcissiques" ou autres bourreaux, condamnés à incarner le retour du loup tueur, du mâle harceleur, avant d’être eux-mêmes traqués et abattus par la justice partisane et vengeresse du vainqueur?

Combien d’Adolf Eichmann "banalement" coupable et "banalement" condamnés à mort ?

Combien de temps encore chassera-t-on le "pédophile" pour ne rien entendre de ce qui l'anime? De sa passion dévorante de la descendance comme trace de l'origine... De sa mystique de la retrouvaille charnelle avec l'archaïque, avec l'ancêtre pas net dont on ne sait pas trop de quel bord il était en 1940 ?... par exemple…

Combien de générations d'enfants placés pour "maltraitance" fugueront à l'âge adulte ou à l'adolescence en quête d'une famille interdite... à la fois désirée et honnie ?…

Combien de temps encore ces tragédies seront-elles rejouées?

Ne serait-il pas temps de tenter de "déconstruire" cette "hantise"?

@+ serge.aron.over-blog.com

Par quoi Hitler était-il "hanté"? Troublant non?... (document Science et Avenir n°745)

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